Date:23/9/2

Recherche Google

Le Goût de la Damnation [TW]

Menu


18/9/2 La broche.

Je ne m’attendais pas à ressentir quoi que ce soit en la recevant.
J’ai eu tort.

Elle tenait dans le creux de ma paume, plus lourde que je ne l’aurais cru. Le métal était froid, doré. Rien d’ostentatoire. Rien d’innocent non plus. Aussi rouge que le sang.

Je l’ai observée longuement. Les lignes, l’équilibre imparfait. Ce n’est pas un bijou. C’est un lien.

J’attends que la Belle retrouve sa Bête.

6/5/2 Ecrit 3

Je ne les enterre pas.
Je ne tourne pas la page.
Je ne pleure pas.

Je les garde. Toutes.

Je les garde sous la peau.
Là où la mémoire ne s’efface pas.

Je me souviens des voix.
Des silences, surtout. Ceux qui pesaient plus lourd qu’un cri.
Des regards qui se détournaient trop tard.
Des mains qui tremblaient dans les miennes.
De la chaleur de leur peau juste avant qu’elle ne devienne froide.

Je ne suis pas sentimental.
Je suis collectionneur.

Chacune d’elles m’a laissé quelque chose. Une odeur. Une larme. Un gémissement.
Et moi, en échange, je leur ai offert un souvenir qui ne partira jamais.
Un instant gravé à l’encre noire dans la partie d’elles qu’aucun autre ne touchera plus jamais.

Elles disent parfois qu’elles m’ont oublié.
Elles mentent.
Elles peuvent fuir. Changer de ville. De nom.
Mais leur corps, lui, se souvient.
Il se crispe quand une voix ressemble à la mienne.
Il brûle quand une main se pose comme la mienne.
Il saigne quand une promesse ressemble trop aux miennes.

Je n’ai pas besoin de les revoir.
Elles sont à moi.
Elles le resteront.

Même la mort ne les efface pas de moi.

Parce que moi, je me souviens.
Toujours.

Et c’est ça, le véritable pouvoir.


— V.

4/5/2 Ecrit 2

Il y a des femmes qui reviennent.
Toujours.

Je ne les poursuis pas.
Je n’ai pas besoin.

Je suis ce qu’on ne désire pas, mais qu’on garde en mémoire.
Un goût métallique dans la bouche.
Une trace sur la peau.
Un prénom qu’on n’ose plus prononcer, mais qui pulse sous la langue.

Mais il n’y a jamais de fin différente.

Ce monde n’est pas fait pour les rêveuses.
Ni pour les putains.
Encore moins pour celles qui croient pouvoir survivre.

Je ne suis pas leur bourreau.
Je suis leur vérité.

Je suis ce qu’elles appellent quand elles ne veulent plus être sauvées.
Et je réponds toujours.


— V.

22/4/2 Ecrit 1

On pense que les monstres meurent dans le silence.
Qu’on les jette dans un trou et qu’ils s’éteignent comme une bougie qu’on souffle.


Mais le silence… n’est jamais vide.

Il garde l’écho des cris.
Le parfum des corps.
Les traces sur les murs.
Et les serments qu’on n’a jamais tenus.

J’ai été enterré vivant dans l’oubli. On m’a donné un matricule, une cellule, des barreaux, et un surnom qu’ils murmurent encore dans les commissariats comme une légende trop sale pour être dite à voix haute.


Le Damné.

J’ai vu les murs d’une prison mieux que j’ai vu le ciel. J’ai appris à connaître les woltariens par ce qu’ils cachaient. Pas ce qu’ils disaient.

Et ce que j’ai vu, ce que j’ai appris, ce que j’ai fait… je ne veux pas l’oublier.

Alors j’écris.

Non pas pour vous convaincre. Ni pour me défendre.
Mais pour qu’on se souvienne que
je n’ai jamais menti.

Les filles que j’ai guidées savaient où elles mettaient les pieds.
Celles qui sont tombées savaient ce qu’elles risquaient.
Et celles qui restent aujourd’hui, autour de moi, savent ce que je suis.

Je n’ai pas besoin d’amour.
Ni de pardon.
Juste de mémoire.


Et la mienne est intacte.

À ceux qui croient que je suis fini, rangé, brisé :
Je vous écris depuis l’ombre.


Et dans l’ombre, je vois tout.

— V.