Date:11/5/2

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Dr Gallagher

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10/5/2 Note Personnelle

Les gens voient les blouses blanches, les gestes rapides, les ordres donnés à voix basse.

Ils ne voient pas :

Les mains qui tremblent quand on retire les gants.

Le dos qui se courbe dans le vestiaire vide.

Les yeux rouges à force de rester ouverts.

La tasse de café froide depuis quatre heures.

Les respirations qu’on retient pour que la voix ne se brise pas.


Aux urgences, le vrai travail commence quand les portes battantes se referment.

10/5/2 Rapport de service

Publié à 23h31

08h45 : Premier patient, chute de moto, fracture ouverte.

09h12 : Deuxième, overdose, réanimé.

09h47 : Femme enceinte, contraction prématurée.

10h10 : Coupure profonde à la main – couteau de cuisine.

11h33 : Coup de feu, poitrine.

13h22 : Fausse alerte, douleur thoracique… crise d’angoisse.

15h40 : Enfant, 4 ans, brûlures d’huile.

17h06 : Évacuation vers chirurgie lourde, accident de chantier.

19h00 : Un patient m’a offert un bonbon. Goût fraise.

23h00 : Encore debout. Le bonbon est toujours dans ma poche.

6/5/2 Note Personnelle

Jour 5 sans sommeil complet.

J’ai recousu une main sans savoir si elle servira encore.

À quoi ça sert d’avoir prêté serment si chaque nuit, je joue à Pala avec des moyens de woltarien ?

À quoi bon refermer les plaies, si la ville les ouvre plus vite que mes mains ne suturent ?

On ne me demande pas de sauver, seulement de retarder la fin.

6/5/2 Rapport de service

03h14 : Arrivée d’un adolescent blessé par arme blanche.

03h18 : Patient identifié comme membre d’un gang connu. Aucun accompagnant.

03h24 : Stabilisation, plaie à l’abdomen nettoyée et refermée sous anesthésie locale.

03h50 : Présence non déclarée de deux individus armés à l’entrée du service. Intervention discrète de la sécurité.

04h22 : Patient transféré en salle d’observation, surveillance continue.

⚠️ Remarque personnelle : ce type de blessure devient quotidien. On s’habitue trop vite à l’odeur du sang sur les murs.

6/5/2 Note Personnelle

Une infirmière a laissé une note sur le coin de ma tablette :

“T’as l’air vivant. C’est déjà ça.”

J’ai ri. Un peu.
Et puis j’ai pensé à ce qu’elle voulait dire.
Être “vivant” ici, ce n’est pas battre du cœur.
C’est encore avoir envie de se lever quand on t’appelle “Docteur” en courant.
C’est encore ressentir quelque chose quand un patient te serre la main.
C’est encore croire que les efforts ne sont pas vains.

Je crois que je suis encore vivant. Mais la ligne est fine.