Date:24/7/2

Recherche Google

Reconstruction

Menu


19/2/0 Réadaptation, jour 21

Le gardien est un sale type. Il m’a dĂ©noncĂ©.
Bref, je suppose que je le mérite.
Enfin, j’ai enfin fini ma « punition ». Je veux plus voir ces toilettes de ma vie! Je me retiendrai et je ferai au studio!

J'ai vu Akan, Arya et Maxime. Les deux gamins ont leur tĂȘte d'avant, c'Ă©tait ... Etrange. Comme si un court instant, il ne s'Ă©tait rien passĂ©.

J'ai vu Shaya, la niĂšce d'une ancienne amie.

J’ai trouvĂ© d’autres survivant, aussi.
Elysia, Amara, Michaël, Mayfly, Marceline, Levy.

Elysia et Amara je pourrais peut-ĂȘtre les retrouver, vu notre lien de parentĂ©. Mais ils ne suivent pas les adultes. Ils leur proposent une aide
psycho-mĂ©dico-sociale, mais mĂȘme s’ils acceptent, tout devient inaccessible, en tout cas avec mon niveau d’autorisation.
Qui ne s’est pas amĂ©liorĂ© avec mon intrusion matinale.

C’est plus simple que de vĂ©rifier les morts. La liste est si tĂ©nue, il suffit de repĂ©rer les noms connus.

Un peu de famille, un peu d’amis, quelques connaissances. Je suppose que je devrais me sentir chanceux par rapport à d’autres.

Puis je me rappelle de ceux que j’ai dĂ©jĂ  recherchĂ©. Certains noms restent des Ă©nigmes. Pas de rĂ©ponse.

Ils sont peut-ĂȘtre encore quelque part dans un caisson, planquĂ© dans une cache, ou un de ces nombreux « no name » qui sont encore dans l’hĂŽpital, et qu’on ne parvient pas Ă  identifier.

Certains m’arrachent ce qui me reste de sanitĂ©.
Ihana, Aramis. Ma niĂšce, mon amie. Les mamans d’Akan. Il y a une putain de vidĂ©o de leurs derniers instant.

Merde.

14/2/0 Réadaptation, jour 16


J’ai fait un rĂȘve bizarre. Un de mes petits neveux. Enfin, plus ou moins, c’est compliquĂ©. On s’en fou.



Akan. J’ai rĂȘvĂ© de lui. Il Ă©tait tout petit le jour de la catastrophe. Je pense que ses mamans envisageaient vaguement de commencer Ă  discuter de possiblement le mettre Ă  l’école. Un
woltarion, mais tout juste.



Il pleurait. Tellement. J’essayais de le rĂ©conforter, mais il continuait, encore, encore.

Ses larmes formaient une flaque, puis une marre, une mer 
 Mais je ne m’y noyais pas.

Il y avait plein de corps qui flottaient autours de moi. Je ne me souviens pas de tous, mais il y avait ses mamans, ma mùre, tout mes frùres, et sƓurs, des neveux, cousins, 
 Des amis aussi, je ne me souviens pas de
tous, mĂȘme si j’ai tout notĂ© en m’éveillant.

Et puis j’ai croisĂ© deux regards. Ceux de Maxime et d’Arya. Les frĂšres et sƓurs d’Akan. Enfin, une partie de ses frĂšres et sƓurs. Ceux que je connaissais le mieux.



Ils me regardaient avec insistance, comme pour me demander quelque chose.





J’y suis retournĂ© en pleine nuit, le gardien n’était pas ravis. Tant pis, c’est pas comme si j’avais quelque chose Ă  perdre.

ILS SONT VIVANT!

13/2/0 Réadaptation, jour 13

C’est trop dur.

J’ai vĂ©rifiĂ© ErĂ«ssea, son mari. Pareil, caisson bousillĂ©. Leur fils, Ezzio, idem.





Puis 
 Puis j’ai cherchĂ© ma mĂšre, mĂȘme histoire.

Et le mĂȘme jour, j’ai cherchĂ© mon pĂšre.

Ils ont la mĂȘme place dans mon coeur, je ne peux pas les sĂ©parer.
J’aurais pas du. Je ne sais pas pourquoi il s’est rĂ©veillĂ©, mais il n’est pas mort tranquillement.

Impossible de savoir exactement ce qu’il s’est passĂ©, il n’y avait pas de camĂ©ra aux alentours, mais ils l’ont retrouvĂ© dans un Ă©tat affreux.

Enfin 
 le connaissant, peut-ĂȘtre qu’il est partit la pioche Ă  la main, avec quelques monstres en plus Ă  son palmarĂšs, ça lui correspondrait mieux.

Je veux juste dormir. Oublier.


fanart Ezzio et Bunny d'Emysia

12/2/0 Réadaptation, jour 10

AliĂ©nor m’a autorisĂ© Ă  vĂ©rifier la base de donnĂ©e. Tout le monde le peut, techniquement.

Mais il est trĂšs dĂ©conseillĂ© de le faire de maniĂšre sauvage. Il y a dĂ©jĂ  eut deux morts. Deux woltariens qui n’ont simplement pas supportĂ© la confirmation de leur perte.

Elle me dit de ne vĂ©rifier qu’un nom Ă  la fois, et de faire mon deuil de cette personne, ou de chĂ©rir la petite lueur d’espoir pendant au moins une journĂ©e.
Ça fait trois jours que j’attendais, sans savoir par oĂč commencer. Mes parents ?Mes frĂšres et sƓur, mes amis ?

Je me suis dĂ©cidĂ© hier. J’ai cherchĂ© ma sƓur. Elle s’appelait Bunny, elle Ă©tait forte, belle, aimante, autoritaire, intelligente, rĂ©siliente.



Elle n’a pas souffert, d’aprĂšs le dossier. Erreur fatale du caisson de stase, mort instantanĂ©e.

Pas sûr que ça me console.
Merde.

11/2/0 Réadaptation, jour 3

Je fais un peu d’archivage aussi. Je classe les dossiers mĂ©dicaux, j’essaye de voir s’ils sont complet, s’il ne manque pas d’information, et Ă©ventuellement je cherche aprĂšs celles-ci.

Je fais ça « bénévolement », aprÚs les heures de travail imposé. Pour ne pas penser. Pour m'épuiser
Pour pouvoir rentrer dans le studio minuscule, qui ressemble aux milliers de studios minuscules qui nous sont attribuées, et juste , dormir.

Mais j’ai vu quelque chose que je n’aurais pas du voir. Le travail des « jeunes », ceux qui n’avaient pas beaucoup de famille, ou d’amis encore, qui n’ont pas perdu 99 % de leur Ăąme en perdant ceux qui l’occupaient.

Ils font uniquement de l’archivage. L’archivage des dossiers 
 clĂŽturĂ©s.

Des morts confirmés.

Puis ils les entrent dans une base de donnĂ©e, pour qu’on sache. Qu’on sache non seulement qui, mais combien nous avons perdu.
Et leurs piles sont tellement plus importantes que les miennes. C’est d’un facteur, 100, d’un facteur 1000, ou plus je ne sais pas trop.

Il doit y avoir 1 sauf pour 10 000 morts.

Et je ne veux, je ne peux pas penser Ă  ceux qui y seraient.